Page:Commanville - Souvenirs sur Gustave Flaubert, 1895.djvu/82

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à Croisset, où une dizaine d’hommes, officiers et soldats, s’étaient établis.

Le désœuvrement fatal qu’une vie d’inquiétude entraîne, la pensée que son cabinet, ses livres, sa demeure étaient souillés par la présence de l’ennemi, mettaient le cœur et l’esprit de mon oncle dans un trouble et un chagrin affreux. Les arts lui parurent morts. Comment ? était-ce possible ? c’était d’un pays lettré que montaient ces flots de sang ! C’étaient des savants qui tenaient Paris assiégé, qui lançaient des projectiles sur les monuments !

Il croyait en rentrant dans son habitation n’y rien retrouver. Il se trompait ; sauf quelques menus objets sans valeur tels que cartes, canif, coupe-papier, on respecta absolument tout ce qui lui appartenait. Une seule chose était suffocante au retour, l’odeur, l’odeur du Prussien,