Page:Commanville - Souvenirs sur Gustave Flaubert, 1895.djvu/89

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encore qu’au temps de mon enfance. Dans la vie retirée que nous menons, mon oncle s’adresse à moi comme à un ami ; nous parlons de toutes choses, mais ce sont de préférence les sujets littéraires, religieux et philosophiques que nous discutons sans jamais, quoique d’opinion souvent différente, qu’il en résulte entre nous rien de fâché, rien de pénible.

Il est facile de voir que l’homme qui a écrit Saint Antoine s’est préoccupé surabondamment de la pensée religieuse dans l’humanité et de ses manifestations si multiples. Les vieilles théogonies l’intéressaient extrêmement, et il avait un attrait infini pour les excessifs dans tous les genres : l’anachorète, le solitaire de la Thébaïde, provoquaient son admiration, il se sentait porté vers eux comme vers le Bouddha des bords du Gange. Il