Page:Commanville - Souvenirs sur Gustave Flaubert, 1895.djvu/99

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pour son esprit, et au moins autant pour son cœur, une grande douceur. Mais de sa génération proprement dite il ne lui restait qu’Edmond de Goncourt et Ivan Tourgueneff ; il goûtait avec eux la pleine jouissance des conversations esthétiques. Elles étaient, hélas ! de plus en plus rares les heures de causerie intime, car pour s’épancher il fallait trouver des intelligences éprises des mêmes choses, et les séjours à Paris s’éloignaient de plus en plus. La solitude toujours grande devenait farouche quand je n’étais pas là et souvent, pour la fuir, il appelait la vieille bonne de l’enfance. Elle venait se chauffer un instant à la cheminée. Dans une lettre il me dit : « J’ai eu aujourd’hui une conversation exquise avec « Mam’zelle Julie ». En parlant du vieux temps elle m’a rappelé une foule de choses, de portraits, d’images qui m’ont dilaté le cœur. C’était