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jenö de cholnoky

Mais pour le développement de la vraie vie nomade il faut encore autre chose. Les nomades ont aussi besoin de céréales et d’articles d’industrie, qu’ils ne peuvent produire eux-mêmes dans leur vie errante, manquant de matières premières, et ils ne peuvent même fonder un établissement industriel de quelque durée, ce qui est absolument nécessaire pour la production de certains articles d’industrie.

Pour le développement de la vraie vie nomade il est donc nécessaire que non loin des steppes il y ait un peuple agriculteur, mais sur un terrain non arable sans irrigation, car autrement les nomades s’y établiraient eux-même. De tels terrains ne se trouvent pas généralement dans le voisinage des steppes, mais ils s’étendent au pied des montagnes des zones où l’irrigation est rendue possible par l’eau des rivières découlant des montagnes. Sur ces terrains irrigués on ne peut élever du bétail, car la terre en est trop coûteuse. L’agriculture par irrigation n’est donc vraiment possible que dans le voisinage de steppes occupées par des nomades.

Par conséquent, il y a entre l’agriculture artificielle et la vie nomade d’étroits liens économiques. Les deux ne peuvent exister l’une sans l’autre. Nous travaillons la terre et nous élevons du bétail en même temps, puisque nous habitons en partie des savanes et en partie des terrains boiseux ; mais dans les steppes ceci est impossible. La vie économique est divisée, mais les deux parties en sont étroitement liées.

Le nomade qui fait paître ses troupeaux a autant besoin de l’agriculteur que l’agriculteur a besoin du nomade. L’agriculteur ne peut se passer des produits de l’élevage, que le nomade seul peut lui procurer. Ce dernier seul peut lui fournir de la viande, des peaux, de la laine, etc., car chaque coin de sa terre irrigable doit servir à la végétation.

Le nomade de son côté a besoin de ce que l’agriculteur produit, soit céréales, soit articles industriels. Le bédouin est le nomade du Sahara », et l’agriculteur irrigateur est l’habitant des oasis. Mais le Sahara étant très désert et n’offrant que peu de pâturages, ces relations économiques ne peuvent être honnêtes. Le nomade du Sahara ne peut fournir la quantité de bétail qu’il