Page:Comptes rendus hebdomadaires des séances de l’Académie des sciences, tome 001, 1835.djvu/232

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composées d’un certain nombre de couches volcaniques. La plus inférieure se compose de laves remaniées, c’est-à-dire de rognons de laves de fusion englobés dans des tufs. Cette couche se décompose facilement à l’air ; elle est d’ailleurs fort tendre ; des laves de fusion la recouvrent généralement ; elles forment des masses compactes et puissantes ; elles sont elles-mêmes recouvertes par le tuf gris contenant des ponces noirs et des espèces de géodes remplis d’une substance blanche et pulvérulente semblable à de la chaux éteinte. C’est ce tuf que l’on exploite pour construire les maisons de Césarée et de tous les environs, et qui soutient les fondations de tous les édifices. Il est probable que les secousses réitérées ont détaché les couches les unes des autres, et qu’il s’est opéré un glissement qui a renversé ces villages dans l’abîme.

» Tuxiarch, riche village occupé par des Grecs, se trouvait dans ce cas. Des catacombes si nombreuses avaient été percées dans le tuf, qu’il paraissait comme suspendu. Il y a en général peu de villages dans les environs dont le sol ne soit excavé.

» Je ne me rappelle pas la situation de Kometzi, dont un lac a pris la place. Les témoins de cette affreuse catastrophe ont été tellement effrayés, qu’il est impossible d’en tirer des renseignemens tant soit peu précis.

» Après un semblable événement il est permis de douter que cette contrée ait été en repos depuis les dernières catastrophes dont la mémoire est parvenue jusqu’à nous ; mais il est probable que renouvelées à de longs intervalles elles ont été oubliées des habitans. »

» L’article ci-joint, inséré dans le Journal de Smyrne du 5 septembre, donne succinctement les principaux faits et les noms des lieux qui ont le plus souffert :

» Un tremblement de terre des plus violens vient de détruire une grande partie de la ville de Kaisarièh, l’ancienne Césarée de Cappadoce, et des villages environnans. Voici tous les détails que nous avons pu recueillir sur ce terrible événement : ils sont extraits de plusieurs lettres de Kaisarièh écrites 7 à 8 jours après la catastrophe.

» Le 3 du mois dernier, vers 5 heures du soir, il s’éleva du pied du mont Ardgeh, contre lequel la ville est adossée, une épaisse fumée d’où s’échappèrent, avec d’effroyables détonations, des colonnes de feu ; on eut dit l’éruption d’un volcan. Au même instant, on sentit la terre osciller, et un violent tremblement de terre commença. Les secousses durèrent pendant sept heures consécutives ; elles se succédaient avec un horrible fracas, sans presque aucune interruption : on se serait cru sur mer pendant une tempête.