Page:Comptes rendus hebdomadaires des séances de l’Académie des sciences, tome 001, 1835.djvu/342

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appelée épée dans les calmars ou loligo. M. Rüppel a cependant décrit et figuré sous le nom de loligo prisca un fossile qui paraît être l’épée d’un loligo ; mais, de son côté, M. le comte Munster a donné le nom d’onychoteuthis prisca à un fossile non décrit ni figuré. Est-ce le loligo prisca de M. Rüppel ? est-ce une autre espèce ? On n’en sait rien. L’imbroglio résultant de cette fausse détermination du genre de ces fossiles et du même nom spécifique appliqué à deux espèces de deux genres distincts, a été encore une cause de confusion. Le fossile observé par M. Agassiz n’est point l’épée d’un loligo ni d’un onychoteuthe, mais un corps très analogue à l’os interne de la seiche, nommé sépiostaire par M. de Blainville, et qu’on aurait pu, par conséquent, désigner sous le nom de sepia.

» Ceci expliqué, voici ce que M. Agassiz a vu sur un très bel échantillon de la collection de miss E. Philpot : un os ou sépiostaire, très analogue à celui de la seiche, avec le sac à encre bien conservé ; cet os se terminant, en arrière, sans solution de continuité, par un bel individu du belemnites ovalis. Pour bien comprendre le rapport de ces deux corps, dont la contexture n’est sans doute pas semblable, il faut avoir sous les yeux le sépiostaire d’une des espèces de seiches qui ont cet os terminé par une pointe conique, assez longue, et qui fait saillie sur l’animal vivant, entre les extrémités des nageoires latérales. Cette pointe est recouverte par la continuation de la peau du sac ; elle est comme dans une gaîne. Que l’on se représente au lieu de cette petite pointe une bélemnite, placée de la même manière, et l’on aura une idée exacte des rapports de ce fossile, dans l’animal vivant, avec son sépiostaire. Seulement celui-ci, dans sa partie postérieure, doit être autrement organisé, puisqu’il paraît former, vers cette partie, l’alvéole de la bélemnite. Les minces parois de l’ouverture de la bélemnite se raccordent avec lui en s’épanouissant. La figure et la description de cet intéressant échantillon peuvent seuls nous éclairer sur les détails de cette organisation. C’est M. le docteur Buckland, à qui M. Agassiz a remis le dessin qu’il en a fait, qui s’est chargé de ce soin, et cela ne pouvait être en des mains plus habiles. Son travail doit paraître sous peu, à ce qu’on assure.

» Ainsi donc les bélemnites sont certainement des corps intérieurs, et, selon toutes les apparences, l’animal auquel ont appartenu ces fossiles était semblable à la seiche, ou du moins très voisin. On peut croire, en un mot, que c’était un céphalopode de l’ordre des acétabulifères, comme la spirule, et formant entre elle et la seiche un genre intermédiaire. »