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facilement que ne l’ont fait tous leurs devanciers : ce moyen est très simple ; il consiste à regarder la mer, non plus à l’œil nu, mais à travers une lame de tourmaline taillée parallèlement aux arêtes du prisme et placée devant la pupille dans une certaine position. Deux mots encore, et le mode d’action de la lame cristalline sera évident.

Prenons que la ligne visuelle soit inclinée à la surface de la mer de 37°. La lumière qui se réfléchit sous cet angle à la surface extérieure de l’eau, est complétement polarisée. La lumière polarisée, tous les physiciens le savent, ne traverse pas les lames de tourmaline convenablement situées. Une tourmaline peut donc éliminer en totalité les rayons réfléchis par l’eau qui, dans la direction de la ligne visuelle, étaient mêlés à la lumière provenant de l’écueil, l’effaçaient entièrement, ou du moins l’affaiblissaient beaucoup. Quand cet effet est produit, l’œil placé derrière la lame cristalline, ne reçoit donc qu’une seule espèce de rayons : ceux qui émanent des objets sous-marins ; au lieu de deux images superposées, il n’y a plus, sur la rétine, qu’une image unique ; la visibilité de l’objet que cette image représente, se trouve donc notablement facilitée.

L’élimination entière, absolue, de la lumière réfléchie à la surface de la mer, n’est possible que sous l’angle de 37°, parce que cet angle est le seul dans lequel il y ait polarisation complète ; mais sous des angles de 10 à 12° plus grands ou plus petits que 37°, le nombre de rayons polarisés contenus dans le faisceau réfléchi, le nombre de rayons que la tourmaline peut arrêter, est encore tellement considérable, que l’emploi du même moyen d’observation, ne saurait manquer de donner des résultats très avantageux.

En se livrant aux essais que nous venons de leur proposer, MM. les officiers de la Bonite éclairciront une question curieuse de photométrie ; ils doteront probablement la navigation d’un moyen d’observation qui pourra prévenir maint naufrage ; en introduisant enfin la polarisation dans l’art nautique, ils montreront, par un nouvel exemple, à quoi s’exposent ceux qui accueillent sans cesse les expériences et les théories sans applications actuelles, d’un dédaigneux à quoi bon ?

Trombes.

L’électricité joue-t-elle quelque rôle dans la production des trombes ? Une réponse nette, catégorique à cette question, aurait un grand intérêt. Ainsi, MM. les officiers de la Bonite devront s’attacher, quand ce phéno-