Page:Comptes rendus hebdomadaires des séances de l’Académie des sciences, tome 001, 1835.djvu/463

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

beaucoup au-dessus du niveau des eaux, par suite des dislocations du sol, de plus grandes surfaces terrestres ont dû être englouties, de manière à ce que les dépressions produites fussent plus considérables que les élévations ; condition sans laquelle, je le répète, les parties basses de nos continens actuels n’auraient pas été émergées ; conditions qui, pour être remplies, n’exigent pas le secours d’un agent supposé de soulèvement.

» Si à ces premières données on ajoute la remarque de la rupture évidente des terres vers les mers (sud de l’Europe, de l’Afrique, de l’Asie) ; l’existence d’anciens delta, dont il faudrait chercher le cours de fleuves dans la mer actuelle, les fossiles communs à des terres séparées, les îles évidemment détachées des continens ; faits que je ne puis développer aujourd’hui, mais dont les géologues apprécieront l’importance et l’exactitude ; on revient donc sur cette question au point où l’avait laissée un excellent observateur qui ne fut pas écouté, parce que sans doute, ses idées systématiques l’ont entraîné souvent au-delà des faits. Mais cependant une longue et minutieuse patience, avait conduit Deluc à dire que les terres aujourd’hui habitées par les hommes, n’étaient que l’ancien fond de la mer, mis à sec par suite de l’affaissement et de la destruction d’anciennes terres qui s’étaient abîmées ; et cette opinion fut aussi celle de Cuvier, qui, dans son beau Discours sur les Révolutions de la surface du globe, après s’être demandé où était donc alors le genre humain dont il ne trouvait pas de vestiges avec les animaux terrestres des derniers dépôts, dit : Les pays où il vivait ont-ils été engloutis, lorsque ceux qu’il habite maintenant ont été mis à sec ?

» Avec de pareils faits, avec de pareilles autorités, me sera-t-il permis d’inspirer quelques doutes aux personnes et aux géologues qui, sans avoir assez étudié ce sujet, regardent comme une chose positive et démontrée l’existence, sous l’écorce solide du globe, d’une force incommensurable, qui tend sans cesse à fracturer cette écorce et à en relever les lambeaux, tantôt pour former les montagnes volcaniques, tantôt en lignes parallèles, pour former des Andes, des Alpes, des Pyrénées, et jusqu’aux plus petites anfractuosités de la surface terrestre.

» Par l’exposé, le développement et la discussion des faits nombreux que j’ai réunis et sur lesquels j’ai longuement médité, je m’efforcerai de justifier les assertions contraires que j’émets avec confiance dans ce moment, parce que j’ai l’assurance que si je parviens à me faire écouter, je pourrai encore servir la science en provoquant de nouvelles recherches.

» Ces idées, au surplus, ne sont pas improvisées ; ce n’est pas une décou-