Page:Comptes rendus hebdomadaires des séances de l’Académie des sciences, tome 001, 1835.djvu/462

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levé les Andes, vienne à élever le fond de la mer du Sud, en faisant saillir au-dessus de son niveau un continent comme la Nouvelle-Hollande, par exemple : quelle influence cet événement aurait-il sur les terres aujourd’hui découvertes, dont la position ne serait pas dérangée ?

» Il est évident qu’une quantité d’eau égale au volume de la base submergée du nouveau continent, serait refoulée sur les plages de l’Amérique, de l’Asie, et de l’Europe même, qui se couvriraient d’une quantité proportionnelle à la surface des mers ; mais dans tous les cas, aucune de ces plages ne serait émergée par ce fait. Il en résulte clairement cette conséquence 1o  qu’aucun fond de mer ne saurait être mis à sec qu’autant qu’il serait soulevé ; 2o  que le soulèvement ne pourrait s’effectuer sans que les couches fussent brisées et redressées plus ou moins ; 3o  enfin que tout soulèvement d’un point aurait pour effet d’inonder d’autres points restés fixes.

» Il est évident que pour que l’équilibre des eaux se maintînt après un soulèvement, il faudrait qu’il se produisît à la surface de la sphère terrestre, une ou plusieurs dépressions dans lesquelles la quantité d’eau refoulée pût se loger.

» Mais si les faits géologiques prouvent que sur presque toute la surface des terres aujourd’hui découvertes, on voit d’immenses plages et dépôts marins qui ont été mis à sec, en conservant leur position normale.

» Si sur tous les rivages, depuis la Nouvelle-Hollande jusqu’en Angleterre, autour de bassins méditerranéens, à la circonférence de toutes les îles, sur le trajet de tous les fleuves, on trouve des marques irrécusables du séjour des eaux à des élévations différentes et comme graduées et parallèles entre elles ; si en supposant submergées toutes les parties des continens actuels et des îles sur lesquelles on trouve des dépôts marins tertiaires qui ont conservé leur horizontalité ; si en plaçant nécessairement aussi, sous les eaux, tous les points où existent les chaînes de montagnes dont on fixe l’âge de soulèvement après le dépôt de ces mêmes terrains tertiaires, c’est-à-dire, d’après M. de Beaumont, mont Rotondo, mont d’Ore, mont Liban, monts Ourals, Alpes occidentales de Marseille à Zurich, Cordillières des Andes ; on voit qu’il ne resterait plus de terre pour l’habitation des animaux et des végétaux terrestres, et d’emplacement pour les lacs et les fleuves où vivaient les animaux lacustres et fluviatiles, les plantes aquatiques dont ces derniers terrains ont conservé quelques débris. N’est-on pas entraîné alors, malgré soi, à regarder comme indispensable : Qu’en même temps que des fonds de mer ont pu être mis à sec et élevés