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Physique.Lettre de M. Peltier sur la puissance relative des divers métaux pour coercer l’électricité.

« Pour démontrer par un instrument spécial la plus grande puissance coercitive du zinc pour l’électricité positive, j’ai fait un électroscope tout en zinc, composé de deux plateaux et d’une tige centrale, sans addition d’aucun autre métal. Ne pouvant avoir des feuilles de zinc assez minces pour remplacer les feuilles d’or, j’ai tourné la difficulté en faisant les armatures mobiles avec ces dernières, suspendues à des tiges en cuivre. Lorsque l’électricité expérimentée descend dans la tige centrale, les feuilles de l’armature sont attirées vers elle, contrairement à l’effet des électroscopes ordinaires dont les feuilles divergent vers les armatures. L’usage de cet électroscope ne peut laisser de doute sur sa plus grande aptitude à indiquer l’électricité positive, comme le contraire a lieu avec les électroscopes en cuivre.

» Convaincu de l’inégale puissance coercitive de ces deux métaux, j’ai cherché à reconnaître si elle existait dans le platine, l’or, l’argent et l’étain. J’ai recouvert de feuilles de ces métaux quatre plateaux en glace de neuf pouces et je les plaçai successivement sur un très petit et très sensible électroscope : les trois autres plateaux servaient alternativement de condensateur. C’est par un des appareils ingénieux de M. Becquerel que je me suis procuré une source constante d’électricité. Selon que l’un ou l’autre des plateaux servait de collecteur ou de condensateur, l’une ou l’autre des électricités faisait plus fortement diverger les feuilles d’or. J’ai pu, par ce moyen, constater que le platine coerce mieux l’électricité négative que l’argent ; l’argent mieux que l’or ; et celui-ci est de beaucoup supérieur à l’étain.

» J’ai reproduit avec ces plateaux l’expérience indiquée dans ma dernière communication, celle d’un couple voltaïque interposé entre le collecteur et le condensateur. J’ai fait ce couple d’abord des plateaux or et platine ; le plateau d’argent servait de collecteur, et celui d’étain de condensateur. Lorsque je plaçais le disque d’or sur le collecteur, et que je mettais ce dernier en contact avec le condensateur étain, il se chargeait fortement d’électricité négative ; si au contraire c’était le disque platine, il n’y avait que très peu, ou, le plus souvent, aucun effet. J’ai répété cette expérience avec le couple voltaïque formé des plateaux argent et or, puis argent et platine, et j’ai toujours obtenu l’ordre de puissance coercitive indiqué ci-dessus.