Page:Comptes rendus hebdomadaires des séances de l’Académie des sciences, tome 001, 1835.djvu/558

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» De là l’auteur conclut que le sang transporté par les vaisseaux, du cœur à toutes les parties du corps, ne frotte point contre leurs parois ; qu’une couche de sérum garantit, par son immobilité, ces parois de l’usure qui en serait résultée si ce frottement eût existé. En outre, on conçoit toute l’importance de cette couche immobile de sérum tapissant les parois des vaisseaux, dans l’acte de la nutrition, depuis surtout les dernières expériences de M. Muller, de Berlin, par lesquelles il a démontré que la fibrine est en dissolution dans le sérum. »

M. Poiseuille a ensuite étudié l’influence du froid et de la chaleur sur la couche de sérum : à ce sujet, nous rapporterons en peu de mots l’expérience suivante. Température, 25° centigrades ; on examine la circulation dans la patte d’une grenouille, et dans l’auge où cette patte est placée on met des morceaux de glace ; dans les gros vaisseaux, la partie transparente de sérum augmente manifestement d’épaisseur ; les globules en contact immédiat avec elle se meuvent avec plus de lenteur, les trois ordres de vaisseaux, artères, capillaires et veines, conservent sensiblement leurs diamètres, même avec un grossissement de trois cents fois ; la vitesse dans les capillaires est considérablement diminuée, et dans quelques-uns de ces vaisseaux, elle devient complétement nulle ; pendant six à huit minutes, par exemple, la circulation dans les capillaires de l’autre patte de la grenouille, conserve sa vitesse normale ; ce n’est qu’après un quart d’heure de submersion de la première patte dans l’eau glacée, que la vitesse du sang dans la deuxième patte placée dans l’atmosphère se trouve diminuée, par suite de l’abaissement de température de toute la masse sanguine. On remplace la glace de l’auge par de l’eau à 38° centigrades, et la vitesse des globules devient alors si grande, qu’on peut à peine distinguer leur forme. Sur de jeunes rats, le froid prolongé pendant quelques minutes seulement, avait arrêté la circulation dans les capillaires du mésentère ; on la vit se rétablir peu à peu, et reprendre son rhythme normal après la soustraction de la glace.

« Ainsi le ralentissement de la circulation capillaire par le froid, sa vitesse plus grande par l’action de la chaleur, s’interprètent naturellement par l’augmentation de l’épaisseur de cette couche dans le premier cas, et sa diminution dans le second.

» Ces résultats s’accordent entièrement avec ceux de M. Girard sur la variation d’épaisseur de la couche qui tapisse les parois des tubes inertes, quand la température augmente ou diminue.

» On sait que certains animaux, tels que les poissons et quelques mam-