Page:Comptes rendus hebdomadaires des séances de l’Académie des sciences, tome 002, 1836.djvu/164

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s’arrêter un instant comme s’il eût été incertain de la route qu’il devait prendre ; puis il s’éloigna avec la vitesse d’un trait, produisant un léger craquement dans l’air, et fut tomber à environ douze lieues de là, près d’un marais, dans la commune d’Orval, arrondissement de Coutances, où il s’anéantit en faisant un bruit semblable à l’explosion de plusieurs pièces d’artillerie et en répandant une forte odeur sulfureuse. Dans ce rapide trajet, marqué dans l’atmosphère par un long sillon grisâtre, le météore traînait après lui une queue blanche, qui avait d’abord la largeur du diamètre du cercle vaporeux entourant le globe, et qui, se retrécissant en ligne droite pour se terminer en pointe, affectait parfaitement la figure d’un triangle isocèle [1]. »

Astronomie.Sur une nouvelle petite planète dont l’existence a été soupçonnée par M. Cacciatore, directeur de l’Observatoire de Palerme.

M. le capitaine Basil Hall communique l’extrait suivant d’une lettre de M. Cacciatore, à M. le capitaine Smyth.

« J’ai une chose importante à vous communiquer. Dans le mois de mai 1835, pendant que je suivais les observations dont je suis occupé depuis long-temps sur les mouvements propres des étoiles, je vis, près de la dix-septième étoile de la douzième heure du catalogue de Piazzi, une autre étoile qui me parut être aussi de septième à huitième grandeur : je notai la distance qui les séparait. Le temps ne me permit pas d’observer les deux nuits suivantes. Ce ne fut que la troisième nuit que je revis le nouvel astre : il avait alors sensiblement (good deal) marché vers l’est et vers l’équateur. Des nuages me forcèrent de renvoyer les mesures à la nuit suivante ; mais jusqu’à la fin de mai le temps fut horrible ; on aurait dit à Palerme que l’hiver recommençait : d’abondantes pluies et des vents impétueux se succédaient de manière à ne pas permettre de

  1. À l’occasion du bolide qui a incendié une grange, près de Belley, le 13 novembre 1835, M. le docteur Mérat a déposé sur le bureau de l’Académie la note qu’on va lire.

    « En entendant, dans une des dernières séances de l’Académie des Sciences, la relation de l’incendie d’une grange par une étoile filante, je me suis rappelé avoir lu que celui qui consuma la grande salle du Palais de Justice, en 1618, fut causé par la chute d’une étoile enflammée, large d’un pied et haute d’une coudée, qui tomba sur ce monument le 7 mars après minuit. Les mémoires du temps font mention de ce fait, relaté aussi dans les notes du roman de Notre-Dame de Paris, par M. Victor Hugo. »