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Page:Comptes rendus hebdomadaires des séances de l’Académie des sciences, tome 002, 1836.djvu/459

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ou de l’électricité sur les nerfs immédiatement, dans le traitement des paralysies, je suis pleinement de l’avis de M. Magendie ; j’ai même fait plus qu’il n’a fait : j’ai plongé des aiguilles à acupuncture dans la moelle épinière, et traité de cette manière par le galvanisme, des paraplégies, ou paralysies complètes des deux membres abdominaux. Bien qu’à la région dorsale et à la région lombaire les lames osseuses qui complètent en arrière le canal vertébral ne soient séparées d’une vertèbre à une autre que par de bien petits intervalles, et que dans certains points même elles soient comme imbriquées ; bien encore qu’elles soient unies entre elles par des corps fibreux d’une épaisseur et d’une densité remarquables, on peut néanmoins, sans de trop grandes difficultés, faire pénétrer une longue aiguille par l’un de ces intervalles jusqu’à la moelle épinière. La première fois que j’ai eu la pensée de comprendre cet organe dans un cercle galvanique, c’était pour une jeune fille chez laquelle une paraplégie complète du mouvement avait été produite par cette affection de la colonne vertébrale qu’on nomme gibbosité, ou maladie de Pott. La paralysie avait persisté après la guérison de la maladie principale : la jeune fille était gisante et complétement immobile dans son lit depuis un an ou quinze mois. Elle fut galvanisée une vingtaine de fois toujours de la même manière, toujours avec acupuncture préalable du prolongement rachidien au bas de la région dorsale. Dès les premières galvanisations, il y eut retour du mouvement dans les orteils, puis mouvement du pied en totalité, puis de la jambe, puis de la cuisse dans son articulation avec le bassin : bientôt la jeune fille put changer toute seule de position dans son lit ; plus tard on l’en fit sortir ; elle marcha avec des béquilles, que plus tard elle abandonna. Elle a recouvré le parfait usage de ses membres ; elle a pu rentrer dans la vie commune.

» Enhardi par ce résultat, j’ai eu recours au même moyen et à la même manière d’employer le galvanisme dans des cas de paraplégie traumatique, c’est-à-dire de paralysie des membres inférieurs consécutive à une lésion physique de la moelle épinière, comme à la commotion, à la contusion de cette moelle, à sa compression par du sang épanché dans le canal rachidien par des pièces d’os enfoncés, accidents si fréquents dans des chutes d’un lieu élevé, ou à la suite de coups violents sur la région dorsale, ou sur les régions lombaire ou sacrée de la colonne épinière. J’ai déjà obtenu quelques succès qu’il n’est pas besoin de faire connaître en détail à l’Académie. »