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Page:Comptes rendus hebdomadaires des séances de l’Académie des sciences, tome 002, 1836.djvu/498

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brables cristaux rhomboëdriques des œufs du genre Helix, dont sept espèces, observées par M. Turpin, offrent toutes ce phénomène aussi rare que curieux ; ce qui pourrait fournir un excellent caractère générique pour ce groupe de mollusques.

» Les biforines sont situées entre les vésicules du tissu cellulaire de la feuille du Caladium esculentum. Pour les étudier avec facilité, il suffit de râcler doucement la surface inférieure de cette feuille, et de délayer dans une petite goutte d’eau les portions de tissus qu’on a ainsi détachées. Celles-ci, placées sur le porte-objet du microscope et soumises à un grossissement d’environ 300 fois, laissent voir pêle-mêle, avec les vésicules du tissu cellulaire, un assez grand nombre de biforines.

» La grandeur de chaque individu de biforine est presque double de celle d’une vésicule de tissu cellulaire. Sa forme est celle d’un hexagone très allongé, quelquefois celle d’une navette de tisserand ou encore d’un grain d’avoine. À chaque extrémité, on observe une bouche à bords un peu épaissis. Dans l’intérieur de cette vésicule, il s’en trouve une autre fusiforme, qui occupe à peu près le tiers de sa capacité, et qui aboutit à ses deux bouches. C’est une sorte de boyau longitudinal qui se distingue facilement par sa couleur jaunâtre, et qui contient un grand nombre d’aiguilles cristallines d’une extrême ténuité et rapprochées en faisceaux. Une biforine est donc formée de trois parties distinctes : 1o d’une vésicule biperforée extérieure ; 2o d’un boyau, et 3o d’un faisceau d’aiguilles cristallines incluses dans ce dernier. « Les deux premières parties appartiennent au règne organique, et vivent sans doute par absorption et assimilation, tandis que les aiguilles sont du domaine du règne inorganique, et se forment, comme dans une géode, en suivant les lois ordinaires de la cristallisation. »

» Si l’on observe ces biforines sous l’eau et à une température de 20 à 25 ° centigr., on leur voit bientôt lancer, par l’une ou l’autre de leurs bouches et par décharges intermittentes, les aiguilles qu’elles renferment. Chaque décharge ou vomissement d’une à cinq ou six aiguilles, est accompagnée tl’un mouvement de recul de la biforine entière, semblable à celui d’une pièce d’artillerie en miniature. Quelquefois la biforine fait un léger mouvement de pirouette qui rappelle celui de l’aiguille aimantée. Après l’expulsion totale des aiguilles, le boyau s’affaisse sur lui-même, et ne présente plus que l’aspect d’un cordon tortillé. La vésicule extérieure finit aussi par se déformer et les aiguilles cristallines, devenues incolores, sont répandues sur le porte-objet ; quelques-unes restent engagées par l’une de leurs extrémités dans