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Page:Comptes rendus hebdomadaires des séances de l’Académie des sciences, tome 002, 1836.djvu/65

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et que l’expérience confirme, c’est de rester invariable sous toutes les influences qui modifient seulement les distances mutuelles des groupes moléculaires, sans altérer intimement leur constitution. Ainsi les huiles essentielles qui le possèdent, celles même qui l’exercent en des sens contraires, peuvent être mêlées dans toutes proportions entre elles, ou avec d’autres qui ne le possèdent pas, ou même avec les huiles grasses qui en sont également dépourvues, et la somme des pouvoirs propres des particules actives donne toujoursle pouvoir du mélange. Les sucres, les gommes, les camphres, dissous dans l’eau ou dans l’alcool ; la fécule simplement désagrégée par les acides faibles, et devenue ainsi soluble, ou seulement suspensible dans l’eau sous le nom de dextrine, portent de même dans ces liquides, leur pouvoir inaltéré ; tel qu’on l’observe dans les mêmes corps soit solides mais non cristallisés, soit liquéfiés par la chaleur, quand de si grandes modifications peuvent y être opérées sans changer intimement la constitution propre de leurs particules. Mais lorsque les groupes moléculaires actifs éprouvent un changement de constitution ou de composition chimique, on voit généralement leur pouvoir changer et acquérir des valeurs très différentes. Ainsi, lorsque la dextrine se saccharifie sous l’influence des acides aidée de la chaleur, son pouvoir s’affaiblit subitement sans changer de sens, tandis que dans les mêmes circonstances celui de la gomme s’intervertit. Le pouvoir du sucre de cannes s’intervertit pareillement mais en sens contraire, par l’action des acides aidée au besoin d’une élévation de température ; et, en présence de l’acide paratartrique, l’inversion a lieu, même à froid, instantanément. De sorte que, dans ces circonstances, et dans une infinité d’autres, les modifications chimiques qui surviennent dans le système, souvent sans y produire aucune variation apparente, sont immédiatement manifestées et rendues visibles par le changement d’action sur la lumière polarisée.

» Dans tous les corps actifs, le pouvoir rotatoire exercé sur les différents rayons simples est inégal. Dans tous, à la seule exception jusqu’ici connue de l’acide tartrique, cette inégalité suit une même loi, rendue évidente par l’identité des couleurs composées qui apparaissent, quand on analyse la lumière polarisée blanche, transmise dans tous ces systèmes à travers des épaisseurs inverses de leur pouvoir. L’exception présentée à cet égard par l’acide tartrique est d’autant plus remarquable, que toutes ses combinaisons avec les bases salifiables même avec l’acide borique, ont des pouvoirs rotatoires conformes à la loi générale, du moins dans les limites de précision que j’ai pu atteindre, en comparant la série de leurs effets sur la