Page:Comptes rendus hebdomadaires des séances de l’Académie des sciences, tome 002, 1836.djvu/84

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observations de Vosmaër, de Camper ; et le second, que d’après ce qu’en a dit Wurmb, dans les Transactions de la Société de Batavia, et d’après le squelette complet qui fait partie de la collection d’anatomie comparée du Muséum d’Histoire naturelle. On croyait même ces animaux d’espèces si différentes, que les zoologistes, à l’imitation de M. Geoffroy, crurent devoir former un genre distinct de la dernière, qu’ils plaçaient fort loin de l’autre, parce qu’à cette époque on avait surtout égard à la considération de l’angle facial, pour la distribution des espèces du grand genre Simia de Linné.

» Mais, plus tard, en faisant l’observation que ces deux espèces de singes n’étaient connues, l’une que d’après de très jeunes individus femelles, et l’autre d’après un seul individu mâle et adulte, on commença à entrevoir la possibilité qu’elles appartinssent à la même espèce ; doute qui se présenta à l’esprit de G. Cuvier, à la vue d’un crâne d’orang d’âge assez intermédiaire à celui sous lequel on avait connu l’orang roux et le pongo, et qui lui avait été envoyé de Calcutta par M. Wallich.

» En même temps que ce soupçon était introduit en zoologie, il s’en élevait parallèlement un autre, qui consistait à admettre que ces deux singes étaient réellement d’espèces distinctes, comme on l’avait pensé d’abord, mais dont on ne connaîtrait pour le premier, ni l’âge adulte, ni le sexe mâle ; et pour le second, ni le jeune âge, ni le sexe femelle. Cette idée était celle qu’adoptèrent la plupart des zoologistes, et surtout ceux qui crurent devoir former un genre distinct des singes de l’ancien continent, dont les bras sont disproportionnés, et qui sont dépourvus de queue et de callosités ischiatiques. Mais cette manière de voir ne pouvait être convertie en certitude, que lorsqu’on posséderait, sinon les peaux bourrées des deux sexes de chaque espèce prétendue, mais au moins leurs têtes osseuses ; et ce n’est que tout nouvellement que nous avons pu nous procurer deux éléments nouveaux propres à avancer la question, savoir : une belle tête osseuse d’orang-outang adulte, et un squelette complet d’un second sujet de la même espèce, provenant l’un et l’autre de Sumatra. Je les mets sous les yeux de l’Académie.

» On pourra donc voir et reconnaître aisément que le crâne de l’orang-outang adulte conserve tous les caractères essentiels de la tête du jeune âge, c’est-à-dire la forme oblique et régulièrement ovalaire des orbites, outre un très grand rapprochement entre eux, la petitesse, l’étroitesse et la position très remontée des os du nez, qui tendent même à être