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exclusivement à la transmission des impressions sensitives dans la moelle épinière que se rapportent les recherches actuelles de M. Brown-Séquard, ainsi que les expériences que ce savant physiologiste a répétées devant la Commission.

La première proposition que M. Brown-Séquard veut établir, c’est que les faisceaux postérieurs de la moelle épinière ne sont pas, comme on l’avait dit, les agents exclusifs de la transmission des impressions sensitives. Pour le prouver, M. Brown-Séquard a fait deux expériences principales.

La première expérience consiste à couper en travers les deux faisceaux postérieurs de la moelle épinière au niveau de la région dorsale sur un animal vivant. Lorsqu’après cette section on pince les membres postérieurs, l’animal le sent parfaitement, et manifeste aussitôt par des cris la douleur qu’il éprouve. Ce résultat montre évidemment que les faisceaux postérieurs de la moelle ne sont pas exclusivement chargés de conduire la sensibilité, puisque l’impression sensitive ou douloureuse faite dans les membres postérieurs a été transmise à l’encéphale, après la section complète de ces faisceaux au-dessus de l’origine des nerfs des membres postérieurs, et conséquemment faite dans un point intermédiairement placé entre le nerf pincé d’où part la douleur et l’encéphale où elle arrive pour être perçue.

Mais un autre phénomène des plus intéressants, qui a été découvert par M. Brown-Séquard, c’est que si dans cette expérience on pince ou l’on irrite les faisceaux postérieurs de la moelle dans l’endroit où ils ont été coupés, on voit non-seulement que les deux bouts du faisceau postérieur divisé sont sensibles, mais on remarque ordinairement que le bout inférieur ou caudal est plus sensible que le bout supérieur ou céphalique, qui cependant est seul resté en continuité directe avec l’encéphale.

Il n’est pas besoin de dire que ce fait nouveau est encore en opposition avec la théorie de la transmission exclusive de la sensibilité par les faisceaux postérieurs. D’après cette théorie, en effet, il aurait dû se passer, après la section des faisceaux postérieurs, ce qui a lieu après la section des racines postérieure rachidiennes, à savoir, que le bout qui reste en continuité directe avec le centre encéphalique demeure seul sensible, tandis que le bout périphérique devient complètement insensible.

La deuxième expérience de M. Brown-Séquard est en quelque sorte la contre-épreuve de la première.

Nous venons de voir précédemment que les faisceaux postérieurs de la moelle ont été coupés afin de montrer que, sans leur intervention, les impressions sensitives peuvent parvenir à l’encéphale par les autres parties