Page:Comptes rendus hebdomadaires des séances de l’Académie des sciences, tome 042, 1856.djvu/142

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organes de transmission anatomiquement distincts. C’est à la physiologie moderne, qui a poussé si loin l’analyse expérimentale dans les fonctions des nerfs, que revient la gloire d’avoir fait cette grande découverte, et d’avoir établi par des preuves inébranlables que les racines antérieures de la moelle épinière sont des nerfs moteurs, et que les racines postérieures sont des nerfs sensitifs. Ce qui veut dire, en d’autres termes, que lorsqu’un mouvement volontaire s’accomplit dans un membre, par exemple, l’influence motrice qui se propage du centre encéphalique à la moelle épinière ne peut être transmise aux muscles que par les racines rachidiennes antérieures, et que quand une impression sensitive se propage dans un sens inverse, c’est-à-dire de la périphérie du corps vers le centre nerveux, elle ne peut être transmise à la moelle épinière, et de là à l’encéphale, que par les racines rachidiennes postérieures.

Mais si tous les physiologistes sont d’accord aujourd’hui sur la manière dont sont localisées les fonctions motrices et sensitives dans les nerfs rachidiens, il n’en est pas de même quand il s’agit de la moelle épinière. Le sentiment et le mouvement se propagent-ils par des conducteurs distincts dans la moelle épinière ? et, dans ce cas, quelles sont les parties qui transmettent l’influence motrice, quelles sont celles qui transmettent les impressions sensitives ? Ces questions importantes ont été abordées par les expérimentateurs les plus habiles, et elles étaient restées indécises. Les uns, voulant que la substance blanche de la moelle fût impropre à transmettre : le sentiment ou le mouvement, admettaient que la substance grise centrale était seule douée de cette double propriété, ou qu’elle la partageait avec la substance blanche ; les autres, au contraire, soutenant que la substance blanche de la moelle était seule conductrice, croyaient avoir établi que les faisceaux postérieurs qui sont en rapport avec les racines rachidiennes postérieures étaient les conducteurs exclusifs des impressions sensitives, tandis que les faisceaux antéro-latéraux qui sont en contiguïté avec les racines rachidiennes antérieures étaient les organes de transmission du mouvement. Et, il faut le dire, cette dernière opinion est celle qui avait été le plus généralement adoptée, au moins en France.

M. Brown-Séquard a repris, dans ces derniers temps, cette question difficile de la transmission des impressions sensitives et motrices dans la moelle épinière, et, pour mieux limiter son sujet, cet expérimentateur a divisé le problème en deux, pour ne s’occuper d’abord que de la détermination des parties de la moelle qui sont chargées de conduire les impressions sensitives des racines postérieures au centre encéphalique. C’est donc