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distillée, qui est trois fois plus forte que celle résultant du contact de l’eau avec la dissolution de nitrate de potasse ou de chlorure de sodium. La force électromotrice change avec le degré de saturation des dissolutions ; ainsi une dissolution de potasse caustique à la densité de 1,215 , au contact de l’eau, donne une force électromotrice égale à 9,40 (celle du couple à acide nitrique étant 100), tandis que, lorsqu’elle est étendue de cinq fois son volume d’eau, cette force n’est plus que 3, c’est-à-dire le tiers. Le tube fêlé ne présente, ici, aucun inconvénient, mais il n’en est plus de même quand on introduit, dans le tube fêlé qui contient de l’eau, du quartz, du spath d’Islande, du feldspath, du mica, etc., en poussière plus ou moins fine ; dans ce cas, on obtient constamment un courant dont le sens indique que l’eau du tube où se trouvent les poussières est négative, et l’eau extérieure positive, bien que ces substances ne soient pas attaquées par l’eau ; en voici la cause :

Le courant électrique doit avoir une origine chimique, d’après les principes que j’ai exposés précédemment : la seule qu’on puisse admettre est la réaction de l’alcali du verre sur les corps contigus ; pour s’en assurer, on a répété les expériences dans deux vases en quartz, dont l’un et l’autre contenaient une lame de platine et de l’eau distillée ; on a projeté sur l’une d’elles du spath d’Islande, du quartz ou du mica en poudre, etc., etc. ; ces deux vases communiquaient ensemble au moyen d’une bande de papier à filtrer, et faisait partie d’un circuit dans lequel se trouvait un galvanomètre très-sensible. Il n’y a pas eu de courant produit. Il est prouvé par là que celui que l’on obtient avec le tube de verre est dû à l’alcali qu’il contient. L’explication devient alors facile, d’après les vues théoriques que M. Chevreul a présentées sur l’affinité capillaire : les poussières, par suite de leur contact avec l’eau, prennent peu à peu de l'alcali au verre, par une affinité capillaire ; la poussière cède ensuite une partie de son alcali à l’eau, qui devient apte alors, par suite de son contact avec l’eau distillée du vase extérieur rempli d’eau où plonge le tube, de produire un courant dont la direction indique que cette dernière est positive à l’égard de l’eau qui est devenue plus alcaline que l’eau extérieure ; car on sait que l’eau en contact avec le verre devient toujours légèrement alcaline.

M. Chevreul avait déjà observé un fait qui se rapporte à celui que je viens de faire connaître : ayant plongé un silex dans de l’eau de chaux titrée, il vit que le titre avait diminué, c’est-à-dire que de la chaux s’était fixée sur le silex par affinité capillaire.

Pour donner une idée de la force électromotrice qu’acquiert l’eau distillée dans son contact avec l’eau contenue dans un tube de verre