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332 ACADÉMIE DES SCIENCES.

» Dès 1859, Anginiard (1) rapporte des cas de contagion de l'anémie du cheval au cheval. Ses assertions sont confirmées par|Ledru et plus récemment par Mutelet (1896) (2) et Roger (1904).

» Cependant Delafond tentait en vain, en 1851, de transmettre l'anémie au cheval et au mouton par inoculation du sang d'un malade et la nature infectieuse de la maladie n’est point encore établie aujourd'hui.


» Grâce aux éléments de travail qui nous ont été obligeamment fournis par MM. Dieudonné, Pierrot et Laurent, nous avons pu établir d’une façon satisfaisante la véritable nature de la maladie.

» Le simple examen de la courbe thermique des malades fait prévoir que ces sujets, dont la température, fréquemment voisine de 40°, présente de larges oscillations, sont sous le coup d’une maladie infectieuse.

» L’inoculation du sang de certains malades à un cheval neuf produit chez celui-ci l’évolution d’une anémie à marche rapide absolument identique à la maladie naturelle.

» Nous avons déjà réalisé ainsi deux passages successifs chez le cheval.

» Notre premier sujet, un cheval en superbe état de santé, inoculé dans la jugulaire avec 750cm3 de sang défibriné d’un malade provenant de Bar-le-Duc, arrivé à la dernière période de la maladie, a contracté une affection typique qui a évolué en 5j jours. Durant ce temps l’animal a perdu 157kg de son poids ; le nombre des hématies est tombé progressivement de 7 800 000 à 5 700 000 (14e jour), 4 095 000 (44e jour), 3 500 000 (50e jour) et 2 280 000 (jour de la mort). La température, voisine en général de 40°, rarement inférieure à 39°, s’est élevée jusqu’à 41° au 15e jour de la maladie.

» À l’autopsie on observe les lésions ordinaires de l’anémie du cheval : émaciation musculaire extrême, œdèmes sous-cutané, sous-séreux, péri-ganglionnaire ; hypertrophie de la rate, cirrhose hépatique, hémorragies dé la moelle osseuse.


» Toutes nos recherches bactériologiques sont restées infructueuses. On isole du sang des animaux atteints de la maladie naturelle ou de l’affection expérimentale des microbes variés (bact. coli, staphylocoques) et les mêmes bactéries se retrouvent dans les viscères aussitôt après la mort. Il est impossible de leur reconnaître un rôle spécifique.

» Nous n’avons pas réussi davantage à mettre en évidence dans le sang des malades soit un piroplasme, soit un Trypanosome en utilisant tous les artifices expérimentaux usités dans ce genre de recherches.

» Il était donc permis de supposer que le virus de l’anémie appartenait

(1) Recueil de Médecine vétérinaire, 1859, p. 325.

(2) Id., 1896, p. 523.