Il y a donc ici un dimorphisme (’) très net qui paraît être réalisé chez d’autres Isidae, de la même tribu des Mopseinse. Ainsi, Nutting (1910) mentionne que, chez deux espèces du genre Pellastisis Nutting, il y a, dans le cœnenchyme des branches, comme dans celui de l’axe de la colonie, des renflements alternant régulièrement avec les polypes et contenant des œufs. Il est à présumer que ces saillies ovigères ne sont autre chose que des polypes incubateurs.
Un autre cas un peu différent est offert par la Mopses efonga/a Roule. Certaines branches de la colonie présentent des inégalités de diamètre qui leur donnent un aspect noueux ; dans les parties renflées, où le cœnenchyme est aussi mince que dans les parties étroites, on trouve toujours un (rarement deux) œuf volumineux correspondant à chaque polype ou des larves à divers stades. Ces œufs, libres de toute adhérence, ordinairement sphériques, ont jusqu’à o inm, 65 de diamètre ; quelques-uns ont une forme allongée adaptée à celle de l’espace où ils sont logés. Ce diamètre est énorme par rapport aux dimensions des polypes qui, aussi larges que hauts, ne s’élèvent guère au-dessus de la surface du cœnenchyme à plus de o mm, 5 ; aucun d’eux ne peut contenir l’œuf auquel il a donné naissance.
Tout différent des deux autres est le mode d’incubation delà Rhopalonella pendulina Roule (de la première expédition antarctique française). Un grand nombre de branches de cette espèce présentent des renflements généralement situés à la partie basilaire, ce qui leur donne la forme de massue (d’où le nom générique, Rhopalonella, de poTïaXov, massue). La partie élargie est d’une teinte jaune, tandis que la région distale est incolore. S i l’on enlève le cœnenchyme dans ces régions renflées, on voit, de chaque côté de Taxe de la colonie, à la base des polypes, des corps ovoïdes, dont la couleur jaune orangé très vif est visible par transparence à travers les tissus vivants et les spicules qui les recouvrent. Ces corps ont jusqu’à i mm de grand axe et o mm, 73 de petit axe (les plus grands des polypes ont à peine 1 mm, 5 de hauteur et o mm, 6 de diamètre) ; ils se montrent tous composés de deux parties de volume très inégal. A ia surface, en un point dont la position n’a rien de constant, on voit, dans une dépression en forme de cuvette, une masse blanche, légèrement saillante, enveloppée d’une membrane à
(’) Un dimorphisme d’un tout autre ordre existe chez certaines espèces de Chrysogorgia, où, à côté des polypes normaux, il existe d’autres polypes plus petits, généralement astomes, dont la région apicale est abondamment pourvue de nématôcystes et aussi, exceptionnellement, des polypes géants remplis de parasites, Annélides ou Crustacés. v
