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SÉANCE DU 29 DÉCEMBRE 1913.

Les accidents, parfois foudroyants, des aéronautes, surviennent le plus souvent à l’occasion de mouvements spontanés. De même, les animaux non acclimatés, tels que les chevaux et les mulets, perdent leurs forces dans les régions élevées de la Cordillère des Andes, et cette hyposthénie persiste longtemps pendant le séjour aux grandes hauteurs.

Nous avons maintes fois constaté sur nous-mêmes, à l’Observatoire du mont Blanc, l’impossibilité de prolonger certains exercices musculaires qui nous auraient causé peu de fatigue dans la plaine, par exemple : le travail des haltères, ou même certains travaux d’attention, tels quelanumération des globules sanguins au microscope.

Mais autant cette fatigue insolite est facile à constater, autant sa mesure physiologique est malaisée : trop de facteurs interviennent dans sa production, surtout si l’on étudie un travail effectué au commandement comme cela se passe chez l’homme que l’on soumet à ces recherches. La fatigue de l’ascension, l’équation personnelle de résistance, le changement de nourriture qu’on adapte aux conditions de cette vie nouvelle, le froid, l’insomnie le mal de montagne, l’excitation des facultés sensitives par l’ambiancé l’effort instinctif pour obéir au commandement des exercices, toutes ces influences mettent’ le sujet humain dans un état psychique spécial qui influe sur le rendement du travail.

Aussi avons-nous cherché un animal dont l’activité fût facile à mesurer et qui pût être placé, là-haut, dans des conditions de vie aussi semblables que possible à celles de la plaine. Nous avons renoncé à employer le chien et le cobaye : le premier aurait nécessité un appareillage trop volumineux et le second se refuse à tout exercice. Sur des pigeons que nous avions lances du mont Blanc, nous avions déjà vu que le vol s’arrêtait rapidement mais la mesure de leur fatigue nous avait été impossible. En i 9 13 nous avons choisi l’écureuil, dont l’activité peut être facilement évaluée en comptant le nombre de tours qu’il imprime au cylindre de sa cage dans une journée. Nous avons commencé par noter à Chamonix le travail simultané de trois de ces animaux pendant plusieurs jours ; nous avons calcule la moyenne des tours de roue de chacun d’eux, puis nous avons transporté le plus vigoureux au mont Blanc, où nous l’avons mis dans des conditions de température et de nourriture semblables à celles de Chamonix. Nous avons inscrit le nombre quotidien des tours de cylindre qu’il fournissait là-haut ; enfin nous l’avons redescendu dans la vallée où nous avons poursuivi pendant plusieurs jours encore les mêmes notations.

C. R., i 9 13, a- Semestre. (T. 157, N° 26.) 2ÇQ