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SÉANCE DU 10 OCTOBRE 1921. 607

l’Araignée ne devrait pas bouger, à moins qu’elle ne vienne à reculons vers le diapason ; or, elle exécute une rotation de 180° et vient vers le diapason, le céphalothorax en avant. Sans doute, à la fin du mouve- ment, elle occupe une position symétrique vis-à-vis de l’excitant ; elle n’en commence pas moins par abandonner sa position primitive, également symétrique par rapport au même excitant et qui devrait être logiquement une position d’équilibre équivalant à la première.

Ce premier résultat conduisait à rechercher comment se comporterait une Argiope mise dans l’impossibilité de recevoir des excitations symétriques. Après avoir amputé les deux pattes antérieures d’un seul côté à plusieurs individus, j’ai de nouveau posé le diapason au bord supérieur de la toile dans le prolongement de l’axe longitudinal du corps. Les vibrations portant presque exclusivement sur les pattes, ces individus auraient dû, suivant la théorie classique, tourner indéfiniment en cercle ; or tout comme les Argiopes intactes, elles sont venues vers le diapason en effectuant une simple rotation de 180°.

En face de données si nettement en contradiction avec les idées dominantes, il était indispensable de procéder à des expériences parallèles en prenant la lumière comme excitant. J’ai donc introduit dans un tube suffisamment long et large des Orthoptères Acridiens (Stenobothrus bicolor, Caloptenus italicus), puis j’ai disposé le tube de telle sorte que les Insectes regardent à l'opposé du Soleil tout en recevant des excitations exactement symétriques : ces Insectes ont exécuté eux aussi une rotation de 180°, abandonnant ainsi leur position d’équilibre. La constatation faite, je vernis un œil, l'ocelle du même côté et l’ocelle médian de chacun de ces Insectes et je les replace dans la position initiale, la tête dirigée à l’opposé du Soleil : de nouveau les Acridiens tournent de 180* et s’arrêtent face au Soleil.

Ces faits ne s’accordent guère avec la conception de l’excitation symétrique ; mais ils ne s’accordent pas non plus avec les mouvements de manège provoqués par l’oblitération d’un seul œil chez divers Papillons. Force nous est d’admettre que tropismes et tonus musculaire sont deux choses distinctes. L’étude de Papillons partiellement aveuglés en fournit la preuve. Un Pieris rapœ dont on vernit un œil vole en décrivant de grandes orbes ; mais on remarque que l’Insecte ne suit pas une courbe régulièrement circulaire, qu’il tend à gagner vers les régions les plus éclairées. Partant de données acquises au cours de précédentes recherches, j'ai aussitôt pensé que l’action motrice très considérable exercée sur ces Papillons par les excitations lumineuses masquait leur action attractives ;