Page:Comte - Discours sur l’esprit positif.djvu/24

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

pour certaines notions fondamentales, on ne doit pas craindre d’assurer que les doutes insensés qu’elle suscita, il y a vingt siècles, sur l’existence des corps extérieurs subsisteraient encore essentiellement, car elle ne les a certainement jamais dissipés par aucune argumentation décisive. On peut donc finalement envisager l’état métaphysique comme une sorte de maladie chronique, naturellement inhérente à notre évolution mentale, individuelle ou collective, entre l’enfance et la virilité.

Les spéculations historiques ne remontant presque jamais, chez les modernes, au-delà des temps polythéiques, l’esprit métaphysique doit y sembler à peu près aussi ancien que l’esprit théologique lui-même, puisqu’il a nécessairement présidé, quoique d’une manière implicite, à la transformation primitive du fétichisme en polythéisme, afin de suppléer déjà à l’activité purement surnaturelle qui, ainsi directement retirée à chaque corps particulier, y devait spontanément laisser quelque entité correspondante. Toutefois, comme cette première révolution théologique n’a pu alors donner lieu à aucune vraie discussion, l’intervention continue de l’esprit ontologique n’a commencé à devenir pleinement caractéristique que dans la révolution suivante, pour la réduction du polythéisme en monothéisme, dont il a dû être l’organe naturel. Son influence croissante devait d’abord paraître organique, tant qu’il restait subordonné à l’impulsion théologique mais sa nature essentiellement dissolvante a dû ensuite se manifester de plus en plus, quand il a tenté graduellement de pousser la simplification de la théologie au-delà même du monothéisme vulgaire, qui constituait, de toute nécessité, l’extrême phase vrai-