Page:Comte - Discours sur l’esprit positif.djvu/31

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Ce principe fondamental de toute la philosophie positive, sans être encore, à beaucoup près, suffisamment étendu à l’ensemble des phénomènes, commence heureusement, depuis trois siècles, à devenir tellement familier, que, par suite des habitudes absolues antérieurement enracinées, on a presque toujours méconnu jusqu’ici sa véritable source, en s’efforçant, d’après une vaine et confuse argumentation métaphysique, de représenter comme une sorte de notion innée, ou du moins primitive, ce qui n’a pu certainement résulter que d’une lente induction graduelle, à la fois collective et individuelle. Non seulement aucun motif rationnel, indépendant de toute exploration extérieure, ne nous indique d’abord l’invariabilité des relations physiques ; mais il est incontestable, au contraire, que l’esprit humain éprouve, pendant sa longue enfance, un très vif penchant à la méconnaître, là même où une observation impartiale la lui manifesterait déjà, s’il n’était pas alors entraîné par sa tendance nécessaire à rapporter tous les événements quelconques, et surtout les plus importants, à des volontés arbitraires. Dans chaque ordre de phénomènes, il en existe, sans doute, quelques-uns assez simples et assez familiers pour que leur observation spontanée ait toujours suggéré le sentiment confus et incohérent d’une certaine régularité secondaire ; en sorte que le