Page:Comte - Discours sur l’esprit positif.djvu/49

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tions positives avec toutes les opinions théologiques quelconques, aussi bien monothéiques que polythéiques ou fétichiques. Les diverses considérations indiquées dans ce Discours ont déjà démontré implicitement l’impossibilité d’aucune conciliation durable entre les deux philosophies, soit quant à la méthode, ou à la doctrine ; en sorte que toute incertitude à ce sujet peut être ici facilement dissipée. Sans doute, la science et la théologie ne sont pas d’abord en opposition ouverte, puisqu’elles ne se proposent point les mêmes questions ; c’est ce qui a longtemps permis l’essor partiel de l’esprit positif malgré l’ascendant général de l’esprit théologique, et même, à beaucoup d’égards, sous sa tutelle préalable. Mais quand la positivité rationnelle, bornée d’abord à d’humbles recherches mathématiques, que la théologie avait dédaigné d’atteindre spécialement, a commencé à s’étendre à l’étude directe de la nature, surtout par les théories astronomiques, la collision est devenue inévitable, quoique latente, en vertu du contraste fondamental, à la fois scientifique et logique, dès lors progressivement développé entre les deux ordres d’idées. Les motifs logiques d’après lesquels la science s’interdit radicalement les mystérieux problèmes dont la théologie s’occupe essentiellement, sont eux-mêmes de nature à discréditer tôt ou tard, chez tous les bons esprits, des spéculations qu’on n’écarte que comme étant, de toute nécessité, inaccessibles à la raison humaine. En outre, la sage réserve avec laquelle l’esprit positif procède graduellement envers des sujets très faciles doit faire indirectement apprécier la folle témérité de l’esprit théologique à l’égard des plus difficiles questions. Toutefois, c’est surtout par les doctrines que l’incompatibilité des deux