Page:Comte - Discours sur l’esprit positif.djvu/52

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rir une certaine consistance systématique. Aussi doit-on concevoir cette inévitable opposition comme la principale source secrète des diverses transformations qui ont successivement décomposé la philosophie théologique en la réduisant de plus en plus. C’est ici le lieu de compléter, à ce sujet, l’indispensable explication indiquée au début de ce Discours, où cette dissolution graduelle a été spécialement attribuée à l’état métaphysique proprement dit, qui, au fond, n’en pouvait être que le simple organe, et jamais le véritable agent. Il faut, en effet, remarquer que l’esprit positif, par suite du défaut de généralité qui devait caractériser sa lente évolution partielle, ne pouvait convenablement formuler ses propres tendances philosophiques, à peine devenues directement sensibles pendant nos derniers siècles. De là résultait la nécessité spéciale de l’intervention métaphysique, qui pouvait seule systématiser convenablement l’opposition spontanée de la science naissante à l’antique théologie. Mais, quoiqu’un tel office ait dû faire exagérer beaucoup l’importance effective de cet esprit transitoire, il est cependant facile de reconnaître que le progrès naturel des connaissances réelles donnait seul une sérieuse consistance à sa bruyante activité. Ce progrès continu, qui même avait d’abord déterminé, au fond, la transformation du fétichisme en polythéisme, a surtout constitué ensuite la source essentielle de la réduction du polythéisme au monothéisme. La collision ayant dû s’opérer principalement par les théories astronomiques, ce Traité me fournira l’occasion naturelle de caractériser le degré précis de leur développement auquel il faut attribuer, en réalité, l’irrévocable décadence mentale du régime polythéique, que nous reconnaî-