Page:Comte - Discours sur l’esprit positif.djvu/61

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le mot positif, consiste dans sa tendance nécessaire à substituer partout le relatif à l’absolu. Mais ce grand attribut, à la fois scientifique et logique, est tellement inhérent à la nature fondamentale des connaissances réelles, que sa considération générale ne tardera pas à se lier intimement aux divers aspects que cette formule combine déjà, quand le moderne régime intellectuel, jusqu’ici partiel et empirique, passera communément à l’état systématique. La cinquième acception que nous venons d’apprécier est surtout propre à déterminer cette condensation du nouveau langage philosophique, dès lors pleinement constitué, d’après l’évidente affinité des deux propriétés. On conçoit, en effet, que la nature absolue des anciennes doctrines, soit théologiques, soit métaphysiques, déterminait nécessairement chacune d’elles à devenir négative envers toutes les autres, sous peine de dégénérer elle-même en un absurde éclectisme. C’est, au contraire, en vertu de son génie relatif que la nouvelle philosophie peut toujours apprécier la valeur propre des théories qui lui sont le plus opposées, sans toutefois aboutir jamais à aucune vaine concession, susceptible d’altérer la netteté de ses vues ou la fermeté de ses décisions. Il y a donc vraiment lieu de présumer, d’après l’ensemble d’une telle appréciation spéciale, que la formule employée ici pour qualifier habituellement cette philosophie définitive rappellera désormais, à tous les bons esprits, l’entière combinaison effective de ses diverses propriétés caractéristiques.


Quand on recherche l’origine fondamentale d’une telle manière de philosopher, on ne tarde pas à reconnaître que sa spontanéité élémentaire coïncide réel-