Page:Comte - Discours sur l’esprit positif.djvu/91

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gles de conduite, soit générales, soit spéciales, les plus conformes à l’ordre universel, et qui, par suite, devront se trouver ordinairement les plus favorables au bonheur individuel. Malgré l’extrême difficulté de ce grand sujet, j’ose assurer que, convenablement traité, il comporte des conclusions tout aussi certaines que celles de la géométrie elle-même. On ne peut, sans doute, espérer de jamais rendre suffisamment accessibles à toutes les intelligences ces preuves positives de plusieurs règles morales destinées pourtant à la vie commune : mais il en est déjà ainsi pour diverses prescriptions mathématiques, qui néanmoins sont appliquées sans hésitation dans les plus graves occasions, lorsque, par exemple nos marins risquent journellement leur existence sur la foi de théories astronomiques qu’ils ne comprennent nullement ; pourquoi une égale confiance ne serait-elle pas accordée aussi à des notions plus importantes ? Il est d’ailleurs incontestable que l’efficacité normale d’un tel régime exige, en chaque cas, outre la puissante impulsion résultée naturellement des préjugés publics, l’intervention systématique, tantôt passive, tantôt active, d’une autorité spirituelle, destinée à rappeler avec énergie les maximes fondamentales et à en diriger sagement l’application, comme je l’ai spécialement expliqué dans l’ouvrage ci-dessus indiqué. En accomplissant ainsi le grand office social que le catholicisme n’exerce plus, ce nouveau pouvoir moral utilisera soigneusement l’heureuse aptitude de la philosophie correspondante à s’incorporer spontanément la sagesse de tous les divers régimes antérieurs, suivant la tendance ordinaire de l’esprit positif envers un sujet quelconque. Quand l’astronomie moderne a irrévocablement écarté les principes astro-