Page:Comte - Discours sur l’esprit positif.djvu/92

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logiques, elle n’en a pas moins précieusement conservé toutes les notions véritables obtenues sous leur domination : il en a été de même pour la chimie, relativement à l’alchimie.


Sans pouvoir entreprendre ici l’appréciation morale de la philosophie positive, il y faut pourtant signaler la tendance continue qui résulte directement de sa constitution propre, soit scientifique, soit logique, pour stimuler et consolider le sentiment du devoir en développant toujours l’esprit d’ensemble, qui s’y trouve naturellement lié. Ce nouveau régime mental dissipe spontanément la fatale opposition qui, depuis la fin du moyen âge, existe de plus en plus entre les besoins intellectuels et les besoins moraux. Désormais, au contraire, toutes les spéculations réelles, convenablement systématisées, concourront sans cesse à constituer, autant que possible, l’universelle prépondérance de la morale, puisque le point de vue moral y deviendra nécessairement le lien scientifique et le régulateur logique de tous les autres aspects positifs. Il est impossible qu’une telle coordination, en développant familièrement les idées d’ordre et d’harmonie, toujours rattachées à l’Humanité, ne tende point à moraliser profondément, non seulement les esprits d’élite, mais aussi la masse des intelligences, qui toutes devront plus ou moins participer à cette grande initiation, d’après un système convenable d’éducation universelle.

Une appréciation plus intime et plus étendue, à la fois pratique et théorique, représente l’esprit positif comme étant, par sa nature, seul susceptible de développer directement le sentiment social, première base