Page:Comte - Discours sur l’esprit positif.djvu/98

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chacune de celles qui se disputent aujourd’hui l’empire se trouve maintenant aussi caractérisée sous l’aspect social qu’elle l’était déjà du point de vue mental, autant du moins que le comporte ce Discours, et sauf le recours indispensable à l’ouvrage cité. En achevant cette sommaire appréciation, il importe d’y remarquer l’heureuse corrélation qui s’établit naturellement entre un tel esprit philosophique et les dispositions, sages mais empiriques, que l’expérience contemporaine fait désormais prévaloir de plus en plus, aussi bien chez les gouvernés que chez les gouvernants. Substituant directement un immense mouvement mental à une stérile agitation politique, l’école positive explique et sanctionne, d’après un examen systématique, l’indifférence ou la répugnance que la raison publique et la prudence des gouvernements s’accordent à manifester aujourd’hui pour toute sérieuse élaboration directe des institutions proprement dites, en un temps où il n’en peut exister d’efficaces qu’avec un caractère purement provisoire on transitoire, faute d’aucune base rationnelle suffisante, tant que durera l’anarchie intellectuelle. Destinée à dissiper enfin ce désordre fondamental, par les seules voies qui puissent le surmonter, cette nouvelle école a besoin, avant tout, du maintien continu de l’ordre matériel, tant intérieur qu’extérieur, sans lequel aucune grave méditation sociale ne saurait être ni convenablement accueillie ni même suffisamment élaborée. Elle tend donc à justifier et à seconder la préoccupation très légitime qu’inspire aujourd’hui partout le seul grand résultat politique qui soit immédiatement compatible avec la situation actuelle, laquelle d’ailleurs lui procure une valeur spéciale par les graves difficultés qu’elle lui suscite, en posant tou-