Page:Comte - Discours sur l’esprit positif.djvu/97

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vidu sera ainsi entraîné à s’y incorporer le plus complètement possible, en se liant profondément à toute son existence collective, non seulement actuelle, mais aussi passée, et surtout future, de manière à obtenir toute l’intensité de vie que comporte, en chaque cas, l’ensemble des lois réelles. Cette grande identification pourra devenir d’autant plus intime et mieux sentie que la nouvelle philosophie assigne nécessairement aux deux sortes de vie une même destination fondamentale et une même loi d’évolution, consistant toujours, soit pour l’individu, soit pour l’espèce, dans la progression continue dont le but principal a été ci-dessus caractérisé, c’est-à-dire la tendance à faire, de part et d’autre, prévaloir, autant que possible, l’attribut humain, ou la combinaison de l’intelligence avec la sociabilité, sur l’animalité proprement dite. Nos sentiments quelconques n’étant développables que par un exercice direct et soutenu, d’autant plus indispensable qu’ils sont d’abord moins énergiques, il serait ici superflu d’insister davantage, auprès de quiconque possède, même empiriquement, une vraie connaissance de l’homme, pour démontrer la supériorité nécessaire de l’esprit positif sur l’ancien esprit théologico-métaphysique, quant à l’essor propre et actif de l’instinct social. Cette prééminence est d’une nature tellement sensible que, sans doute, la raison publique la reconnaîtra suffisamment, longtemps avant que les institutions correspondantes aient pu convenablement réaliser ses heureuses propriétés.


D’après l’ensemble des indications précédentes, la supériorité spontanée de la nouvelle philosophie sur