Page:Conan - À l’oeuvre et à l’épreuve - 1893.djvu/123

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s’habilla soigneusement et fit prier son tuteur de monter à sa chambre.

Le magistrat, qui vint aussitôt, la trouva à demi couchée sur un pliant. Son attitude rigide et tranquille lui fit une pénible impression ; mais, sans en rien laisser voir, il la baisa au front, et s’asseyant à côté d’elle :

— Vous avez à me parler ? ma chère petite, dit-il.

— Oui, répondit-elle, levant sur lui ses beaux yeux tristes. J’ai une chose à vous demander.

— Qu’est-ce que c’est ? fit-il avec la plus grande douceur, mais en détournant la tête, car l’expression de sa physionomie lui faisait mal.

— Je voudrais retourner à Port-Royal, dit lentement Gisèle.

— Vous voulez retourner à Port-Royal ! s’écria le magistrat se penchant vers elle, avec l’air d’un homme qui croit avoir mal compris.

— Oui, dit-elle fermement. Puisque je suis une cause de division et de souffrance, puisque vous voulez forcer votre fils à m’épouser, je ne resterai pas chez vous plus longtemps, et je vous demande la permission de retourner à Port-Royal. Où voulez-vous que j’aille ?

Les traits du magistrat se contractèrent violemment ; une flamme de colère jaillit de ses yeux, et,