Page:Conan - À l’oeuvre et à l’épreuve - 1893.djvu/124

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se levant brusquement, il marcha vers la fenêtre qu’il faillit faire voler en éclats. Ses tempes battaient avec une force terrible et les sentiments les plus violents, les plus contradictoires se partageaient son cœur.

Le visage caché dans ses oreillers, mademoiselle Méliand attendit en silence.

Elle attendit bien longtemps.

Enfin, revenant vers elle :

— Gisèle, dit-il amèrement, nous serions si heureux ! J’aurais tant aimé à vous nommer ma fille !

— Je le serai, dit-elle, se jetant dans ses bras.

Pendant quelques minutes, elle pleura sans contrainte, la tête appuyée sur son épaule. Puis, relevant son visage, auquel la douleur donnait une expression sublime :

— Vous le laisserez libre de faire ce qu’il veut ? murmura-t-elle. Vous me le promettez ?

— Oui, dit le magistrat, sanglotant sans s’en apercevoir. Oui, je vous le promets… Vous ne m’aurez pas donné, en vain, un si grand exemple de générosité. Pauvre enfant ! c’est surtout pour vous que ce sacrifice est terrible… Nous autres, notre vie est bien avancée, mais la vôtre est tout entière devant vous.