Page:Conan - À l’oeuvre et à l’épreuve - 1893.djvu/257

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L’hiver approchait.

Une neige légère couvrait déjà la terre durcie, et par delà la palissade qui protégeait le bourg, les grands bois dressaient leurs rameaux dépouillés.

Depuis quelques jours, une animation extraordinaire régnait partout dans le village, car on avait appris que trois cents Iroquois étaient en route pour l’attaquer, et les Tionontates, hommes de main et de courage, disent les Relations, avaient été ravis de la nouvelle.

Sûrs de la victoire, ils attendaient joyeusement.

Les guerriers s’étaient peint le visage et se tenaient prêts. Chaque nuit le son du chichikoué se faisait entendre avec les piétinements des danseurs et les chansons de mort.

Cependant les Iroquois ne paraissaient pas.

Lassés de les attendre, les Tionontates avaient décidé d’aller à leur rencontre et le 5 décembre, bien avant le lever du soleil, ils étaient sortis d’Etharita, en grand silence, pour prendre le sentier de la guerre.

La matinée s’avançait. Les deux missionnaires venaient de congédier leurs catéchumènes.

Assis sur ses talons près du feu, le P. Chabanel préparait sa leçon de huron.