Page:Conan - Angéline de Montbrun, 1919.djvu/169

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Hier soir, la servante m’a raconté bien des choses, tout en tournant son rouet devant l’âtre de sa cuisine. Parfois elle s’arrêtait subitement, et jetait un regard furtif vers la chambre de sa maîtresse — ce qui me faisait courir des frissons. Il me semblait que j’allais la voir paraître.

Quel mystère que la mort ! comme cette terrible disparition est difficile à réaliser ! Après la mort de mon père, lorsqu’on disait à Mlle Désileux qu’avec le temps, je me consolerais : « Jamais, jamais », s’écriait-elle en couvrant son visage.

Il est impossible de dire la pitié qu’elle avait de moi. La nuit même de sa mort, elle s’attendrissait encore sur mon malheur, et répétait à la personne qui la veillait : « Dites-lui que Dieu lui reste. »

Ô mon amie, obtenez-moi l’intelligence de cette parole !

Qu’est-ce que la vie ? « Quelque brillante que soit la pièce, le dernier acte est toujours sanglant. On jette enfin de la terre sur la tête et en voilà pour jamais ! »