Page:Conan - Angéline de Montbrun, 1919.djvu/186

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

10 juillet.

Le mardi d’avant sa mort, de bonne heure, nous étions montés sur le cap. Rien n’est beau comme le matin d’un beau jour, et jamais je n’ai vu le soleil se lever si radieux que ce matin-là. Autour de nous, tout resplendissait, tout rayonnait. Mais, indifférent à ce ravissant spectacle, mon père restait plongé dans une méditation profonde. Je lui demandai ce qu’il regardait en lui-même et répondant à ma question par une autre, comme c’était un peu son habitude, il me dit : « Penses-tu quelquefois à cet incendie d’amour que la vue de Dieu allumera dans notre âme ? »

Je n’étais pas disposée à le suivre dans ces régions élevées, et je répondis gaiement : « En attendant, serrez-moi contre votre cœur. »

— Ma pauvre enfant, reprit-il ensuite, nous sommes bien terrestres, mais tantôt ce tressaillement de la nature à l’approche du soleil m’a profondément ému, et toute mon âme s’est élancée vers Dieu.