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Page:Conan - Angéline de Montbrun, 1919.djvu/200

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le long de la clôture, et par-ci par-là quelques jeunes aulnes qui doivent avoir grandi.

Si Maurice passait par là se souviendrait-il ? Et pourtant si j’étais morte alors, quel vide, quel deuil dans sa vie et dans son cœur !

C’était il y a trois ans. En revenant d’une excursion au Saguenay, nous nous étions arrêtés à la Malbaie. Mon père, Maurice et moi, aussi à l’aise à cheval que dans un fauteuil, nous faisions de longues courses, et un jour nous nous rendîmes jusqu’au Port-au-Persil, sauvage et charmant endroit qui se trouve à cinq ou six lieues de la Malbaie.

Au retour, l’orage nous surprit. La pluie tombait si fort que Maurice et moi nous décidâmes d’aller chercher un abri quelque part, et nous étions à attendre mon père, que nous avions devancé, quand un éclair sinistre nous brûla le visage. Presque en même temps, le tonnerre éclatait sur nos têtes et tombait sur un arbre, à quelques pas de moi. Nos chevaux épouvantés se cabrèrent violemment, je n’eus pas la force de maîtriser le mien — il partit. — Ce fut une course folle, terrible. La respiration me manquait, les oreilles me bourdonnaient