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Page:Conan - Angéline de Montbrun, 1919.djvu/74

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ANGÉLINE DE MONTBRUN

Vous savez mon horreur pour l’aligné, le guindé, le symétrique.

Ici rien de cela, mais le plus gracieux pêle-mêle de gazons, de parterres et de bosquets. Un ruisseau aimable y gazouille et folâtre, et, par-ci par-là, des sentiers discrets s’enfoncent sous la feuillée. Mes beaux sentiers verts et sombres ! L’herbe y est molle ; l’ombre épaisse ; les oiseaux y chantent, la vie s’y élance de partout.

C’est une délicieuse promenade, qui aboutit à un étang, le plus frais, le plus joli du monde.

Nous allons souvent y commencer la soirée, mais, hélas ! les importuns se glissent partout. Il nous en vient parfois. Hier — je suis bien humiliée — nous eûmes à supporter un Québecquois beaucoup plus riche qu’aimable, qui s’est aventuré jusqu’ici. Le jardin lui arracha plusieurs gros compliments, et arrivé à l’étang : « Comme c’est joli, dit-il. Le bel endroit pour faire la sieste après son dîner ? »

Maurice lui jeta un regard de mépris, et s’éloigna en fredonnant sa marche hongroise. J’expliquai à Angéline que son futur