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ÉLISABETH SETON

tient la vie entière »[1]. Tous les jours, elle consacrait un temps considérable à la lecture de l’Écriture sainte ; chaque soir, et d’ordinaire par écrit, elle faisait son examen de conscience. Mais son cœur passionnément tendre ne s’accommodait guère de la sécheresse protestante.

L’image de Notre-Seigneur lui inspirait une vénération inexprimable. Contrairement, aux usages de ses coreligionnaires, elle aimait à prier, chez elle, devant un crucifix et portait à son cou une petite croix qu’elle ne quittait jamais.

Ce qu’elle lisait dans l’histoire des anciens ordres religieux la ravissait et — preuve que l’imagination ne sert pas qu’au romanesque, comme on le croit trop généralement — elle se plaisait aux descriptions des vieux cloîtres.

L’effervescence de la jeunesse et les premiers rapports avec le monde refroidirent-ils cette ferveur religieuse ? On en jugera par ce qu’Élisabeth a écrit sur cette partie de sa vie ; et, dans les chimères de la dix-huitième année, on trouvera peut-être comme un pressentiment de sa mission.

« Seize ans. — Contrariétés dans la famille — Folie, chagrin, roman, misérables amitiés. Mais tout devait tourner à bien, et à me faire comprendre, en y réfléchissant, combien il est absurde d’aimer ainsi quelque chose en ce monde. »

« Dix-huit ans. — Beaux rêves d’une maison à la campagne, pour y réunir tous les enfants d’alentour et leur enseigner leurs prières et les tenir bien propres et leur apprendre à être bons. Désirs passionnés qu’il pût y avoir en Amérique des endroits comme dans les romans que je lisais, où l’on pourrait vivre retiré du monde, et prier, et être toujours bon. Pensé très souvent à courir au loin, même au delà des mers, sous un déguisement, travaillant

  1. Mme  de Staël.