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ÉLISABETH SETON

Fort attachée à ses croyances, elle aspirait à vivre comme il convient à une âme immortelle.

Le sentiment filial envers Dieu était singulièrement vif en son cœur ; et, à ce sentiment délicieux, tout servait d’aliment.

« Un jour de l’année 1789, écrivait-elle en 1803, dans son journal, pendant que mon père était en Angleterre, par une belle matinée de mai, le cœur léger et joyeux, je sautai dans un chariot qui allait au bois chercher des branchages. Joe, qui avait conduit, se mit à couper son bois ; et moi, je m’avançai sous les arbres. Je trouvai bientôt un sentier qui menait à une prairie. Là, il y avait un châtaignier entouré de jeunes plants sous lequel je pensai trouver une jolie place pour m’asseoir. C’était en effet un lit charmant : une mousse épaisse et verte, de l’ombre sous un arbre et un chaud soleil. Sur ma tête, la voûte du ciel d’un bleu d’azur ; autour de moi, toutes les rumeurs du printemps, tout allégresse et mélodie ; et ces douces fleurs, les clochettes des bois, et tous ces bouquets sauvages que j’avais cueillis en chemin. J’étais là, mon cœur d’enfant aussi innocent que jamais cœur d’enfant ait pu l’être, me remplissant d’amour pour Dieu et pour ses œuvres. Même à présent, je crois éprouver les impressions que mon âme d’enfant ressentit alors. Il me vint à la pensée que mon père, qui était si loin à ce moment, ne pouvait prendre soin de moi, mais que Dieu était mon Père, mon Tout. Je priai, je chantai des hymnes, je m’écriai à travers le bois ; je riais et me parlais à moi seule, admirant la bonté de Celui qui m’élevait ainsi au-dessus de moi-même et de tout chagrin. Puis je m’assis de nouveau pour goûter cette paix céleste. »

La piété de Mlle  Bayley avait ce caractère tendre, joyeux, abandonné, mais la jeune fille n’y laissait rien au caprice. Elle avait compris que la « religion n’est rien si elle n’est pas tout, si elle n’inspire, ne dirige et ne sou-