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ÉLISABETH SETON

sement, d’ébranlement, où est maintenant ma santé, à peu près détruite, je ne puis les regarder tous les cinq sans éprouver les craintes et les pressentiments d’une mère qui n’a de pensée, ni de désir qu’en vue de leur éternité.

« Notre saint Cheverus, lorsqu’il vint nous voir l’hiver dernier, a trouvé qu’ils donnaient, eux tous, de grandes espérances ; et il m’a encouragée à compter qu’il ferait tout ce qu’il pourrait pour les protéger. C’est à lui, et à des cœurs tels que les cœurs des Filicchi, que je les confie en ce monde. »


XXIII


À l’unanimité, la communauté d’Emmettsburg avait élu la mère Seton supérieure.

La règle de saint Vincent de Paul était adoptée ; ses premières compagnes elles-mêmes durent recommencer leur noviciat. Toutes s’y portèrent avec une admirable ferveur. Mais Anna Seton, l’angélique, la délicieuse fille d’Élisabeth, allait être la première professe.

La joie de la mère Seton fut grande, quand sa fille manifesta son désir d’être sœur de Charité. Anna avait alors seize ans, et déjà elle était citée comme une merveille de beauté, d’amabilité et de grâce.

Elle commença son noviciat avec une générosité sans bornes, mais sa santé inspira peu après de vives alarmes ; et la crainte, une crainte horrible s’établit dans le cœur d’Élisabeth. Cette enfant de bénédiction, comblée de tous les dons, elle la voyait s’affaiblir, se fondre.

Ni ses soins, ni ses prières n’y purent rien, et, en deux mois, la phtisie galopante réduisit Anna à l’extrémité.

La mère ne se faisait point d’illusions et s’épouvantait de ne pouvoir triompher des révoltes de sa nature. Écrivant à son confesseur, elle se déclarait « brisée de se trouver en état de résistance perverse, obstinée, sans cesse re-