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ÉLISABETH SETON

naissante à la volonté divine. » « Ô mon père, disait-elle, priez pour qu’un cœur généreux, n’aspirant qu’en haut, me soit donné. »

Pour Anna, elle ne se disait pas seulement résignée, mais heureuse de mourir. Baignée d’une sueur froide, haletante à chaque souffle, incapable le plus souvent d’articuler un mot, l’héroïque enfant ne pouvait souffrir qu’on pleurât sur elle :

« Je bois mon calice avec Lui, disait-elle. Mon Maître adorable, que votre volonté soit faite ; votre volonté toute seule. Je la veux aussi. Je quitte ma chère, ma bien-aimée mère, parce que vous le voulez… Ma chère mère. »

Elle désira plusieurs fois voir les élèves de la maison ; de cette voix sourde et voilée qu’elle avait depuis les premiers jours de sa maladie, elle s’efforçait de les animer à l’amour de Jésus-Christ :


« Mes chères amies, approchez, disait-elle ; regardez-moi entre les bras de la mort… qu’est-ce que la beauté ?… qu’est-ce que la vie ?… Rien ! Rien ! Oh ! aimez Dieu, soyez bien pieuses… Aimez notre Jésus… Regardez-moi maintenant… où en serais-je sans Lui ?… Vous voyez ma chère, ma bien-aimée mère… Lui seul sait combien je l’aime. Mais que peut-elle pour moi ?… Rien, excepté me fortifier dans l’amour de notre Jésus… dans lequel nous espérons être réunies à jamais… Maintenant, il faut que je la quitte, elle et tout le monde… et toutes choses… Il faut que je m’en aille toute seule… Soyez bonnes… Aimez votre Sauveur… aimez-le. »


Anna désirait mourir sœur de Charité. On abrégea en sa faveur le délai fixé, et, la veille de sa mort, elle prononça ses vœux. Quelques heures avant d’expirer, elle fit appeler ses deux petites sœurs et leur demanda de chanter ces paroles d’un cantique qu’elle aimait :