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Page:Conan - Elisabeth Seton, 1903.djvu/118

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ÉLISABETH SETON

le plus profond de mon cœur, cela est impossible, ni même de vous en donner une idée… Ô mon enfant, mon cher enfant ! aimez-moi ! aimez-moi ! Vous savez de quelle manière et avec quelle preuve ».


À la fin de l’année 1818, une fluxion de poitrine mit la vie de la mère Seton en danger. De cette maladie, il lui resta une extrême faiblesse, mais elle n’en fut pas moins, à l’unanimité des voix, maintenue dans sa charge de supérieure.


XXVIII


L’œuvre de la mère Seton était accomplie. Ouvrant les bras à toutes les misères, les Sœurs de la Charité allaient se répandre à travers les États-Unis.

Auprès des trois enfants que Dieu lui avait laissés, Élisabeth jugeait aussi sa tâche finie. Elle disait que la Providence l’avait bénie bien au-delà de ce qu’elle aurait pu espérer. Elle aurait voulu se consumer en actions de grâces, et constatait avec bonheur que l’heure du départ approchait. Un jour qu’elle se sentait mieux, elle voulut gravir encore une fois la montagne. Elle y resta longtemps et écrivit ensuite :


« Seule, cette après-midi, assise sur un rocher, en présence d’une des plus belles scènes de la nature, j’adorais Dieu, je lui rendais gloire de sa magnificence et de sa bonté. Mes yeux appesantis ne pouvaient, il est vrai, se plaire qu’à demi à ce qu’ils voyaient ; mais l’âme s’écriait : « Ô Dieu, ô Dieu, donnez-vous vous-même : qu’est-ce que tout le reste ? » Une voix d’amour, une voix silencieuse me répondit : « Je suis à toi ». — Ah, tendre Seigneur, faites-moi demeurer telle que je suis maintenant, pour le temps que vous me laisserez à vivre, car c’est là le vrai contentement : ne rien espérer, ne rien désirer, ne rien attendre, ne rien craindre !