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ÉLISABETH SETON

La mort, l’éternité… Oh ! combien paraissent petits tous les objets que poursuivent ces êtres affairés, empressés, aveuglés et déçus ».


Sa maladie était, une langueur, un épuisement de toutes les forces. De grandes souffrances s’ajoutèrent à la faiblesse. Au mois d’août 1820, elle était si mal qu’on appréhendait la fin d’un moment à l’autre. Mais, au commencement d’octobre, elle se ranima, et put, chaque jour, se lever et passer quelques heures près de son feu. De sa chambre, elle suivait tout ce qu’elle pouvait des exercices de la communauté, et continua ainsi jusqu’à la fin.

Elle aimait la visite des élèves, surtout, la visite des élèves de l’école des pauvres. Souvent elle se faisait amener les plus jeunes de ces enfants et les retenait à jouer près d’elle.

La pensée de la vie future ne la quittait pas.


« L’éternité, écrivait-elle à l’une de ses amies, oh ! comme elle me paraît proche maintenant. Pensez-y, ma bien chère ; pensez-y, vous aussi, quand vous êtes oppressée par l’ennui. Oh ! qu’il durera longtemps ce beau jour sans nuit. Puissions-nous le passer à louer, à bénir, à adorer à jamais…

« Je ne vois plus rien que l’azur du ciel et nos autels ; tout le reste ne mérite pas qu’on y fasse attention. Nous parlons tout le long du jour de ma mort, de la manière dont il se pourra qu’elle arrive, comme on parlerait de toute autre affaire de la maison. Qu’est-ce, en effet, autre chose ? Que sommes-nous venus faire en ce monde ? Pourquoi nous y sommes-nous attardés si longtemps, si ce n’est pour cette dernière, grande et éternelle fin ? Elle me paraît si simple quand je regarde le crucifix. Un cercueil, quelques mottes de terre, une tombe ! Quelle vie, en vérité !… Si je me voyais parvenue à la dernière étape sur ce chemin de souffrances, si j’entendais l’écroulement des murs de ma prison, je ne