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ÉLISABETH SETON

« Souvent par les temps les plus froids, on voyait dès l’aube du jour, les deux belles-sœurs diriger ensemble leurs pas vers les sombres réduits où elles allaient chercher la souffrance. Lorsqu’elles apparaissaient, empressées, compatissantes, leur présence changeait les larmes en sourires, les gémissements en actions de grâces. »[1]


IV


On devine facilement ce que devait être l’amour maternel dans le cœur d’Élisabeth.

Jamais mère ne fut plus tendre, plus vigilante, plus dévouée ; mais ce que Madame Seton voyait surtout dans ses enfants, c’était l’âme et ses destinées magnifiques ou terribles ; et la crainte de leur perte éternelle fut toujours son souci dominant, laissant bien loin toutes tes peines et toutes les joies d’une mère.

En les berçant la nuit, elle récitait le Te Deum et les offrait à Dieu. « Annina offerte à Dieu mille fois, dit-elle de sa première née, dans ses chers souvenirs, offerte tandis qu’elle était dans son innocence ; je craignais tant qu’elle ne vînt à se perdre. »

Tels étaient les sentiments d’Élisabeth encore protestante. Devenue catholique, et voyant les réalités de la foi dans une lumière plus vive encore, elle écrivait[2] : « Offerte de toute mon âme ma petite Kate (sa seconde fille qui venait d’avoir sept ans). Est-ce que je pourrais ne pas volontiers consentir à la voir devenir un ange et posséder la certitude que jamais elle ne sera assez malheureuse pour offenser Dieu ? Précieuse enfant, le cœur de ta mère, qui t’idolâtre, implore de Lui qu’il te prenne en ta première fleur, plutôt que de te laisser vivre pour

  1. « Élisabeth Seton, » I, p. 74.
  2. Journal.