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Page:Conan - Elisabeth Seton, 1903.djvu/25

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ÉLISABETH SETON

sur ce pavé froid. Je me confie en Dieu, espérant qu’après avoir donné à mon pauvre malade la force de résister à l’épreuve d’une telle journée, il nous assistera pour nous faire aller plus loin. Il est vraiment notre tout… Mes yeux me font mal, après toutes ces larmes, et ce vent, et cette fatigue ; il me faut les fermer et élever mon cœur. Le sommeil ne viendra pas facilement. Comme vous auriez aimé la petite Anna, si vous l’aviez vue tout à l’heure, pendant ses prières, ses petits bras enlacés à mon cou ; elle répandait des larmes à flots. Je lui ai lu, pour l’endormir, quelques courtes paroles de confiance et d’abandon à Dieu ; elle m’a dit : Maman, si papa allait mourir ici ! mais Dieu est avec nous.

« Oui, Dieu est avec nous ; et « si nos souffrances abondent, ses consolations surabondent et surpassent toutes paroles. » On dit qu’on n’a jamais vu un tel vent dans cette saison. Si dans ce vent qui se déchaîne et mugit dans la cheminée avec un bruit de tonnerre, qui éteint presque notre lumière et s’abat sur William par toutes les fentes des murs ; si dans tout cela, nous ne voyions pas l’effet du vouloir de Dieu ; si dans le délaissement de notre situation, nous ne voyions pas l’accomplissement des desseins de Dieu qui règle tous les événements de notre vie, vraiment nous serions bien à plaindre. Voici une heure qu’il a eu une violente crise de toux, et il a encore craché du sang. Il fait tout ce qu’il peut pour me le cacher, et cela l’agite et le tourmente encore davantage… que dirons-nous ? C’est ici l’heure de l’épreuve. Que le Seigneur, qui la permet, nous soutienne et nous fortifie. Regarder autour de soi, cela jette en trop d’angoisses. Regardons en avant vers le but, vers la récompense.


Le 20 novembre, dimanche, 9 heures.

« Les cloches du matin ont éveillé mon âme aux regrets les plus douloureux, et l’ont plongée dans une telle agonie