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Page:Conan - Elisabeth Seton, 1903.djvu/60

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ÉLISABETH SETON

XI


La traversée fut longue.

Dans l’esprit de Mme Seton, l’étude, la réflexion, la prière, avaient dissipé tous les doutes. Elle était arrivée à la conviction, et sa résolution était prise. Mais elle savait qu’aux États-Unis le fanatisme laissait à peine aux catholiques le droit de vivre, et de douloureux problèmes se dressaient devant elle.

Les Filicchi avaient eu la délicate bonté de lui cacher la ruine complète de son mari ; et, sous forme d’avance, ils lui avaient fait accepter une somme assez considérable.

Mais si Élisabeth ignorait encore sa ruine totale, elle savait parfaitement qu’elle allait se trouver, en arrivant à New-York, dans de terribles embarras d’affaires. Elle savait également que sa conversion au catholicisme allait la priver de tout conseil, de tout appui, de tout secours. Ni la famille de son mari, ni la sienne ne feraient plus rien pour elle.

Elle allait être abandonnée de tous. Seule, Rébecca lui resterait fidèle. Elle comptait sur son amitié à toute épreuve.


Filippo et Antonio Filicchi avaient sérieusement songé à ce qu’ils pourraient faire pour Élisabeth. Les États-Unis négociaient alors avec la France l’achat de la Louisiane. Bonaparte en demandait quatre-vingts millions, et les États-Unis consentaient à payer cette somme pourvu qu’on en détachât vingt millions qui seraient consacrés à indemniser les commerçants américains des captures illégalement faites par les croiseurs français. MM. Filicchi espéraient faire obtenir à Élisabeth une part de cette indemnité à laquelle lui donnaient droit les pertes subies par W. Seton durant la guerre. Mais cet espoir était bien faible, bien incertain.