Aller au contenu

Page:Conan - Elisabeth Seton, 1903.djvu/61

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
63
ÉLISABETH SETON


3 juin.

Enfin, après cinquante-six jours de navigation, le Fiammingo arriva à New-York. Madame Seton trouva ses quatre petits enfants qui l’attendaient ; tous les siens étaient venus à sa rencontre, tous, excepté Rebecca. Ne la voyant point, Mme Seton pressentit un grand malheur. Elle ne se trompait point. Rébecca était fort malade et la mort allait bientôt emporter cette amie incomparable.


JOURNAL D’ÉLISABETH.


4 juin 1804.

« C’est donc bien vrai, je serre encore mes chers enfants contre mon cœur. La nature me crie bien haut qu’ils n’ont plus de père ; mais en même temps Dieu me répond : Je suis le père de ceux qui n’ont plus de père, le protecteur de ceux qui n’ont plus de protecteur. J’ai bien sujet de m’attacher à vous, mon Dieu, quel autre que vous ai-je au ciel et sur la terre ? Mon cœur et ma chair ont défailli, mais vous êtes ma force et mon partage à jamais.

« La sœur de mon âme n’est pas venue à ma rencontre. Elle aussi a bien avancé son voyage vers sa demeure céleste. Je crois pourtant qu’elle ne voulait pas partir pour l’éternité, sans que je l’assiste au passage.

« Revoir celle qui a été la chère compagne de toutes mes joies et de toutes mes pensées, de mes chants d’actions de grâces et de mes hymnes de douleur ; celle qui fut toujours, pendant tant d’années, à travers tant d’épreuves, la chère, la fidèle, la tendre amie de mon âme, hélas ! la revoir perdue… l’ombre d’elle-même, prête à disparaître, avant peu de jours !

« Maison où tout semblait me sourire, intimité des deux