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ÉLISABETH SETON

Aussi, quand Mme Seton annonça qu’elle était résolue de se faire catholique, ce fut d’abord dans sa famille une vraie stupeur, puis des emportements incroyables.

Élisabeth avait prévu la fureur des siens, et cette tempête la laissa fort calme. Mais, la première indignation passée, ses parents comprirent que la colère n’obtiendrait rien, et, se contentant de lui montrer une douleur extrême, ils firent appel à son cœur, à ses chers et douloureux souvenirs.

On lui prodigua les marques d’estime, de confiance, on l’entoura de soins, de tendresse, la suppliant de ne pas se couvrir d’opprobre, de ne pas déshonorer sa famille.

Son ancien pasteur, M. Hobart, — homme admirablement doué — intervint. Une amitié qui datait de l’enfance l’unissait à Élisabeth, mais il ne lui fit pas le moindre reproche. Il se contenta de lui demander de vouloir bien étudier avec lui la religion qu’elle voulait abandonner.

Élisabeth eut l’imprudence d’y consentir, et le résultat de ces discussions fut de la replonger dans le doute.


À cette âme affamée d’adoration, de vérité, aucune situation ne pouvait être plus cruelle ; et, après avoir fait part à Antonio de ses irrésolutions, Mme Seton ajoutait : « Supplication à Dieu, prière incessante, c’est là maintenant ce que je puis regarder comme mon unique refuge… prière en tout temps, prière en tout lieu. Réellement, Antonio, mon frère très cher, je prie, je prie si continuellement que ma pensée, je crois, n’est plus qu’une prière. Quand je me réveille de mon court sommeil, il me semble que je l’ai employé à prier. Mes pauvres yeux sont presque aveugles à force d’avoir pleuré ; car le moyen d’implorer la faveur que je demande, sans un torrent de larmes et sans toute l’émotion du cœur ? Mes enfants disent continuellement : « Pauvre maman ! pauvre maman ! » Réellement, ils sont plus gentils que jamais, parce qu’ils ne veulent pas ajouter à ma